Ramon Enrich: Pellis

"Les œuvres d'art sont des réservoirs d'énergie et de lumière qui émanent au fil du temps. "

Ramon Enrich

« On ne voit que ce qu’on regarde. » Merleau-Ponty

 

La nouvelle série a pour objet la peau d’un monde souverain dont Ramón Enrich est le fils légitime de ces terres âpres et généreuses catalanes. Installé au coeur d’une cité où l’on produit depuis des centaines d’années le cuir, RE a développé un art qui rend compte d’une histoire riche d’un passé simple... La campagne composée d’étendues solaires est un champ de ressources inépuisables pour le peintre qui y perçoit une métaphysique originelle.

 

La nouvelle série réalisée pour chambre avec vue se joue des cadres pour laisser flotter les sujets qui sont autant d’objets métaphysiques nous ramenant à la peau du monde sensible.

 

Les toiles libres sont des résidus de mémoires liés à la récolte d’olives, au labeur des cueillettes ...Le tissage grossier est fait pour résister à l’usage du temps, du vent, de la pluie, du soleil et enfin en dernier acte à celui du peintre venant y inscrire les motifs de sa syntaxe picturale. Elles s’apparentent à des tentures sur lesquelles les éléments constitutifs du paysage :arbres, maisons, chemins, composent une série de signes qui cheminent parfois à la limite de l’abstraction afin de laisser surgir des rêves de paysage .

 

Le rapport fond forme est essentiel dans la démarche de RE. En s’appliquant couche après couche à faire advenir une surface palimpseste, il y inscrit d’un trait ferme et assuré un monde de signes et de couleurs à l’élégance sensible.

 

Vide et plein dialoguent au vent de la pensée du peintre... En l’absence de présence humaine, voir animale règne un calme souverain. Ses scénographies sont des scènes qui attendent les projections intimes des regardeurs.

 

Arpentant les abandons d’un passé rural et industriel, RE collecte des objets de toute sorte qui sont autant d’éléments porteur de sens et dont il s’empare pour faire advenir des petites sculptures de toute matière qui complètent son scenario pictural en points d’exclamation !

 

text de Pierre Jaccaud